Evidemment, compte tenu de leurs âges différents,
ce voyage n'aura pas le même impact sur chacun d'eux.
Il est fort probable que Manoé ne se souvienne de
rien, mais je pense que son subconscient restera marqué par ce
qu'elle a vécu. Je suis par exemple persuadé qu'elle ne manquera
pas d'équilibre moteur. Aura-t-elle l'esprit voyageur plus tard ?
Impossible aujourd'hui de s'avancer. Je pense qu'elle aimera l'eau
car elle y passe beaucoup de temps et y est très à l'aise.
Concernant les garçons, déjà voyageurs puisqu'ils
ont fait le tour du monde il y a deux ans, cette traversée de
l'océan aura été l'occasion de développer une conscience
particulière de l'environnement qui les entoure.
L'homme est dépendant de la nature. En effet, nous
avons été bercé ou secoué au rythme des vagues, sans avoir aucune
emprise sur elles. De même, la météo a guidé notre trajectoire,
notre vitesse, notre activité (augmenter ou réduire les voiles).
Le temps est subjectif. A terre, 90% de la vie se met
en veille la nuit. Durant la traversée, qu'il soit le jour ou la
nuit, il a fallu veiller sur le fonctionnement du bateau. Encore une
fois, l'homme n'a d'emprise sur le temps et quelques soient les
objets de mesure dont il dispose il ne peut le contrôler. Vivre
selon un rythme interne permet d'être plus respectueux de soi même.
Au bout de quelques mois de voyage, Robin qui est pourtant un gros
dormeur en pleine adolescence, s'est levé sans problèmes pendant
deux semaine à 5h du matin pour assurer son quart, a de moins en
moins fait la sieste, et désormais il se réveille naturellement à
6h30. Le soir certes, nous sommes tous au lit de bonne heure, avec le
soleil.
Les besoins de l'homme sont simples : se nourrir
et dormir. Au milieu de l'océan, pas de société de consommation
dans laquelle on finit par penser que l'on a toujours besoin de plus.
Chaque jour nous constatons tout ce que nous avons emporté en trop,
tout ce qui nous semblait important lorsque nous avons fait nos
valises et qui finalement n'est jamais utilisé.
Les ressources telles que l'eau et l'énergie sont à
consommer avec modération. Regarder le contenu d'un réservoir d'eau
avant de prendre sa douche, se laver les mains à l'eau de mer au
moyen d'une pompe à pied, permet de réaliser que l'eau est une
substance qui, même si elle tombe du ciel, est à économiser car
l'eau potable n'est pas inépuisable et son accès n'est pas égal
partout dans le monde.
De la même manière, prendre conscience que l'on
doit faire tourner la génératrice afin de produire du 220V pour
allumer le four électrique ou recharger l'ordinateur, insiste sur la
nécessité de consommer l'énergie de manière réfléchie.
La gestion des déchets à bord, avec ceux que l'on
peut rejeter à la mer, ceux que l'on conserve pour jeter dans une
poubelle à terre, cela permet de prendre conscience du surplus
d'emballage que nous impose la société actuelle. En deux semaines
de traversée, nous avons rempli un sac de 100l de déchets. Donnée
intéressante à comparer avec les déchets produits par une famille
sur terre.
Enfin, nos enfants sont confrontés à d'autres
cultures. Ils rencontrent des enfants de leur âge, soit des
habitants des pays que nous visitons, soit d'autres enfants qui
voyagent de la même manière que nous. Avec certitude, cela ouvrira
leur champ de vision pour l'avenir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire